25 juin 2018

Avec le collectif “L’avantage du doute”, une initiative originale autour de l’éducation aux écrans


Le Théâtre de la Bastille (Paris 11ème) a accueilli pour une « Occupation » le collectif d’acteurs-auteurs L’Avantage du doute. Ancrés dans le présent et les débats qui agitent notre société, ils ont proposé un spectacle et plusieurs initiatives participatives pour questionner notre rapport aux écrans.
Citoyens et écoliers ont ainsi été invités à faire le choix d’une « Semaine sans écran », selon le principe initié par le québécois Jacques Brodeur. Mais ce qui nous a particulièrement intéressés à 3-6-9-12, c’est qu’il s’agissait bien davantage d’une semaine pour apprivoiser les écrans et explorer les alternatives possibles !
Ainsi le journaliste John-Paul Lepers a accompagné un groupe d’élèves de CM1-CM2 d’une école du 11ème arrondissement de Paris sur la réalisation d’un petit film pour interroger notre société connectée. Où l’on découvre que cette génération que l’on nous décrit volontiers comme sacrifiée sur l’autel du numérique pose un regard infiniment critique sur le rapport aux écrans… de ses propres parents ! Et effectivement, selon 2 sondages réalisés en France, 50% des parents reconnaissent se laisser distraire par leur mobile durant leurs échanges avec leurs enfants, 36 % des parents consultent leur téléphone pendant les repas avec leurs enfants, et même 28 % pendant qu’ils jouent avec eux. 45 % des enfants de 8-13 ans trouvent que leurs parents consultent trop leur téléphone, et 27 % rêvent même de le leur confisquer ! Le film réalisé montre des témoignages allant tout à fait dans ce sens, mais au-delà, l’expérience conduite avec John-Paul Lepers a avant tout introduit les enfants à une pratique d’écran créative et source d’échanges. Ils ont bâti le déroulé du film, se sont familiarisés avec la technique de la prise de vue, de la prise de son, du montage. Enfin ils sont allés à la rencontre de divers interlocuteurs qu’ils ont interviewés : d’autres élèves, des concepteurs de contenus numériques, des passants, et même… un pédopsychiatre de l’Association 3-6-9-12 !
Un autre temps fort de cette « Occupation » du Théâtre de la Bastille a été la représentation de la pièce « La Caverne », écrite et montée par le Collectif L’avantage du doute. Ce spectacle drôle, intelligent et (im)pertinent prend pour point de départ la célèbre allégorie exposée par Platon dans le Livre VII de « La République » : des hommes enchaînés et immobilisés dans une caverne ne peuvent voir que leurs propres ombres projetées sur les murs ainsi que celles des objets environnants. Où est la réalité ? Où est l’illusion ? Quel est le statut de ces images construites par effet de projection ? Dans la pièce, nous sommes en 2518, et les Hommes ont dû fuir la surface de la Terre qui menaçait d’être brûlée par le soleil. Ils vivent dans une caverne hyper connectée : le monde ne parvient à eux que par des images construites sous le règne du Roi Pomme Pomme Pomme Pomme (toute ressemblance n’est pas fortuite !). Mais une petite fille découvre l’existence du monde extérieur… Pour tous publics à partir de 7 ans, le spectacle est formidablement enlevé, inventif, et interroge le statut des images, leur fabrication, leur pouvoir, les croyances qu’elles génèrent et le nécessaire regard critique que nous devons poser sur elles.
Pour contacter le Collectif L’avantage du doute et connaître les prochaines dates programmées : https://www.lavantagedudoute.com/
Vous menez des initiatives originales autour de l’éducation aux écrans ? Faites-nous part de vos expériences !
 
Sources :

  • Tech observatory, Observatoire des pratiques mobiles, CSA Research , Sondage réalisé entre le 20 et le 30 juillet 2017 sur un échantillon de 201 français âgés de 12 à 14 ans.
    édition 2017 : focus sur les 12-14 ans
  • Sondage réalisé en 2013 par AVG Technologies auprès de 6 117 parents et enfants

 

 

photo de l'auteur

Association 3-6-9-12

Un regroupement de praticiens de terrain, de chercheurs et d’universitaires, qui souhaitent participer à une éducation du public aux écrans et aux outils numériques en nous appuyant sur les balises 3-6-9-12 imaginées par Serge Tisseron.