27 septembre 2019

Vivre autrement ses séjours à l’hôpital

Comment créer du lien dans un lieu qui ne s’y prête pas toujours ? Où la maladie est omniprésente ? Comment pallier à l’ennui et au sentiment de solitude ?

Pour y répondre, plusieurs sociétés proposent aujourd’hui des réseaux sociaux numériques spécifiques aux lieux d’accueil. A l’hôpital Foch à Suresnes dans le 92, ils proposent par exemple l’accès au réseau social : My hospi friends.

Ainsi Xavier, qui suit un traitement pour maladie chronique, peut s’y connecter et faire des rencontres avec ses voisins et voisines de chambre, mieux connaitre leurs centres d’intérêts, leurs loisirs, échanger virtuellement voire en vrai. Il suffit de créer un compte et d’ajouter ses préférences. La maladie, l’âge et le sexe n’y sont pas mentionnés. Ces outils sont sécurisés et donnent la possibilité de publier des photos, faire des commentaires ou encore de créer des groupes de discussion sur un thème de prédilection.

Grâce à cette plateforme numérique, on voit naître des rencontres journalières qui engendrent souvent des retrouvailles dès que les personnes soignées ont un traitement plus long. Des patients vont avoir plaisir à se voir en vrai, la relation numérique étant un tremplin pour se voir ensuite quand cela est possible.

Le créateur de My Hospi friends explique que l’idée lui est venue à la suite d’un long séjour à l’hôpital, où sa famille ne pouvait pas venir fréquemment, et le sentiment d’être seul était de plus en plus insoutenable. Selon lui, avec le support virtuel on peut plus facilement décider des sujets sur lesquels on souhaite se dévoiler et si on souhaite rencontrer la personne.

Un peu comme un site de rencontre, cela permet de créer du lien dans un milieu où on se sent souvent seul et isolé. Savoir qu’il y a d’autres personnes avec qui parler pourrait permettre de réduire le sentiment de solitude et rendre le séjour plus agréable.

Le but est de parler d’autre chose que de la pathologie, de pouvoir se sentir en lien. Apporter un mieux-être à travers le divertissement et l’échange. Cela contribue positivement à la guérison.

En plus de pouvoir échanger avec d’autres personnes, il existe également des espaces numériques en ligne qui permettent aux internautes d’accéder à une plateforme de services. Parmi les choix on peut trouver des soins cosmétiques, un service de blanchisserie ou encore la possibilité d’accéder à de la musique.

Cependant ces services ne peuvent être accessible que par des personnes habituées au numérique. Qu’en est-il des autres personnes ? Sont-elles accompagnées pour savoir l’utiliser ? Nous pouvons nous questionner également sur la place des soignants dans ce dispositif où la relation avec les soignés est un élément majeur et primordial dans le chemin de la rémission.

L’hospitalisation est aussi, d’une certaine manière, le moment de se recentrer sur soi et de prendre le temps de sortir parfois d’une vie très rythmée. L’apparition de ce genre d’outils pourraient avoir l’effet contraire pour les personnes qui ne seraient pas capable de se « déconnecter » et de se ressourcer.

Pour résumer, cette application est un bel outil qui nécessite comme tous les autres de savoir l’utiliser à bon escient pour améliorer le parcours du patient pendant son séjour.

 

Flore Guattari Michaux travaille en cabinet libéral sur Colombes (92) auprès d’enfants, d’adolescents et d’adultes. Elle est spécialisée en parentalité et numérique.

 
 

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Flore Guattari

Psychologue du développement et de l’éducation. Psychothérapeute en Haptonomie. Animatrice d’ateliers parents.