Apprendre à décoder les images pour mieux vivre avec elles
« À force de me voir avec des filtres sur Instagram, je me trouve plutôt moche quand je me regarde dans un miroir. » Nombreux sont les adolescent(e)s qui pourraient aujourd’hui partager ce ressenti exprimé par une jeune personne. L’estime de soi taraude en effet aujourd’hui beaucoup d’adolescent(e)s, comme le montrent les études psychosociales de l’OMS. Même des enfants de 7 ou 8 ans expriment leur insatisfaction par rapport à leur apparence physique. Cause ou conséquence, peut-être un peu les deux, les jeunes adorent se déguiser sur Internet, arborer les costumes de différents personnages de jeux et modifier leur apparence avec de multiples filtres comme sur Instagram. Un thème récurrent : la difficulté à accepter son apparence réelle, face à une avalanche de représentations idéalisées, retouchées par des filtres, et désormais aussi générées par l’intelligence artificielle.
La fréquentation des réseaux sociaux et des jeux vidéo peuvent aboutir à bien des choses : parfois des amitiés nouées, voire des mariages nés d’une rencontre en ligne… Mais le plus souvent, un sentiment de dépréciation face aux exigences d’une apparence idéalisée, des troubles du sommeil par une pratique trop intensive pouvant faciliter un décrochage scolaire, un sentiment d’isolement à défaut de contacts avec des interlocuteurs qui nous acceptent tels que nous sommes dans la réalité, des risques de harcèlement, sans compter les tensions familiales. Les responsables ? Des algorithmes de plus en plus puissants qui incitent les usagers à rester toujours plus longtemps connectés, à abandonner toujours plus de leurs données personnelles aux plateformes et à acheter toujours plus d’objets réels ou virtuels. Ces algorithmes, qui exploitent les biais cognitifs des utilisateurs, comme la crainte de manquer quelque chose d’important, et les particularités du cerveau des adolescent(e)s qui est beaucoup plus sensible aux récompenses que celui des adultes, finissent par créer une véritable dépendance. Seuls les usagers qui sont informés de ces mécanismes peuvent trouver la capacité de prendre du recul et ne pas se laisser manipuler.
C’est pour répondre à ces défis que la fondation images et société (organisation à but non lucratif reconnue d’intérêt public basée à Genève) s’est fixé comme objectif de renforcer des compétences médiatiques qui permettent aux personnes de tout âge de faire des choix plus éclairés appuyés sur la confiance en soi. Elle collabore pour cela depuis plus de 30 ans avec des musées, institutions éducatives et de santé, dans différentes régions, notamment en Scandinavie, en Allemagne et au Brésil, pour apprendre à décrypter les images, en incluant aussi celles de la peinture et du cinéma, dans la mesure où les représentations véhiculées sur les réseaux sociaux en empruntent souvent les codes.
Vous pouvez découvrir ses activités de « décod’image » multi-publics sur www.imagesetsociete.org et sur la plateforme www.eyesmart.media.
