Un projet de prévention primaire des risques liés à la surexposition aux écrans
Service sanitaire des étudiants en médecine de Sorbonne Université
Un projet de prévention primaire des risques visuels et psycho comportementaux
liés à la surexposition aux écrans
encadré par Connectome in Science, avec le soutien de 3-6-9-12 +
Connectome in Science, une association qui œuvre pour encourager les échanges interdisciplinaires en sciences et médecine, a encadré cette année le service sanitaire (SeSa) d’étudiants en troisième année de médecine à Sorbonne Université. Mis en place à la rentrée universitaire 2018-2019, le SeSa a pour objectif de promouvoir l’implication des étudiants dans des actions de prévention primaire par la réalisation de missions de terrain. Ainsi a été mis en place un projet pour limiter la surexposition aux écrans chez les jeunes enfants et l’apparition de troubles visuels et psycho comportementaux associés. La consommation excessive d’écrans est présente dès la petite enfance. En effet, l’étude Estéban menée entre 2014 et 2016 montre que 72% des garçons et 59 % des filles de 6-10 ans passent plus de 2 heures par jour devant un écran1. Les risques visuels possiblement liés aux écrans comprennent le syndrome sec oculaire (via altération du clignement), la toxicité induite par la « lumière bleue », et l’altération de la croissance de l’œil (surtout lorsque l’exposition est précoce). Des études menées dans différents pays montrent notamment que la réduction des activités de plein air et l’augmentation des activités en vision rapprochée pendant le confinement lié à l’épidémie de la COVID-19 sont associés à une progression notable de la myopie2. Par ailleurs, des travaux ont montré une corrélation entre l’exposition aux écrans et plusieurs troubles des apprentissages ou de santé mentale, sans qu’aucun lien de causalité n’ait été démontré3. Malgré tout, l’usage excessif des écrans, notamment par exposition à des contenus inadaptés, impacte très certainement le développement de l’enfant. C’est pourquoi en lieu et place d’une prohibition totale irréaliste, la promotion d’un usage raisonné et adapté aux besoins de l’enfant est un enjeu majeur de santé publique.
Pour ce faire, une équipe formée de six étudiants en médecine encadrés par Alexandre Dentel, interne en ophtalmologie et masterant en Neurosciences, et Virginie Chotard, orthoptiste et doctorante en Neurosciences, a mené des ateliers de prévention dans des classes de niveau CP à CE2 de 3 écoles en région parisienne (école Sorbier 14e, Delambre 20e et Albert Camus à Bondy). L’objectif était d’agir directement auprès des enfants, et le plus précocement possible afin de raisonner l’usage des écrans dès le plus jeune âge. L’association 3-6-9-12+ a gracieusement prodigué une formation aux étudiants et encadrants afin d’assurer une communication adaptée, pédagogique, pertinente et impactante durant les ateliers, qui s’articulaient autour de 3 axes principaux :
- Réflexion dirigée en groupe autour de l’usage des écrans, sur les effets des écrans sur l’alimentation, le sommeil, la vision, et sur les activités alternatives aux écrans ;
- Mise en commun et synthèse ;
- Pièces de théâtre improvisées, avec quatre enfants qui incarnent une famille (2 parents et 2 enfants), dans 2 situations distinctes (salle d’attente du médecin, et scène de ménage devant la télévision). L’objectif des « parents » était d’imaginer une façon de ne pas laisser leurs « enfants » seuls devant un écran. Grâce au jeu théâtral, les enfants ont donc pu éprouver la difficulté que peuvent avoir leurs parents à trouver des alternatives aux écrans dans diverses situations du quotidien, et ont été amenés à proposer eux-mêmes des solutions.
Enfin, l’ensemble des conseils donnés durant les ateliers ont été regroupés sur un flyer remis aux enfants pour favoriser la discussion avec les parents. Ainsi, grâce à la formation 3-6-9-12+, l’accent a été porté sur l’importance de varier les activités, de favoriser une utilisation active des écrans, de dissocier l’utilisation d’écran des repas et de discuter des contenus en famille. Par ailleurs, puisqu’il est important que l’enfant soit acteur de ses activités, un carnet d’écran a été proposé, sur conseil du Dr. Marie-Noëlle Clément, afin que les enfants apprennent à auto-réguler leur temps d’écran hebdomadaire.
Au total, les ateliers ont été dispensés dans 16 classes d’une quinzaine d’enfants. À l’issue du projet, l’ensemble des enseignants ont été très satisfaits du déroulement des interventions et des messages véhiculés. Les étudiants en médecine ont aussi beaucoup apprécié l’exercice.
Références :
1. Verdot, C., Salanave, B., & Deschamps, V. (2020). Activité physique et sédentarité dans la population française. Situation en 2014–2016 et évolution depuis 2006–2007. Bull Epidémiol Hebd, 15, 296-304.
2. Limwattanayingyong, J., Amornpetchsathaporn, A., Chainakul, M., Grzybowski, A., & Ruamviboonsuk, P. (2022). The Association Between Environmental and Social Factors and Myopia: A Review of Evidence From COVID-19 Pandemic. Frontiers in Public Health, 1980.
3. Li, C., Cheng, G., Sha, T., Cheng, W., & Yan, Y. (2020). The relationships between screen use and health indicators among infants, toddlers, and preschoolers: A meta-analysis and systematic review. International journal of environmental research and public health, 17(19), 7324.
Pour avoir accès au Flyer : https://www.3-6-9-12.org/wp-content/uploads/Flyer-prevention-ecrans-final.pdf
Virginie Chotard & Alexandre Dentel