21 octobre 2020

Question/Réponse #1

La question du mois :

Bonjour,

Je suis la maman d’un enfant de 3 ans et demi qui fréquente depuis septembre une école maternelle du centre de Paris. Nous venons de découvrir que, durant les TAP (temps d’activités périscolaires), les enfants sont “mis” devant la télévision.

Avant d’aborder le sujet avec les responsables des TAP (qui sont sous l’autorité directe de la mairie d’arrondissement), je voulais vous demander ce que vous pensez de cette situation et si vous avez déjà eu affaire à ce type de situations? Je suis en effet en recherche d’arguments, de contacts de référence et de solutions à proposer pour que la TV soit éliminées de ces temps “d’activités”.

Vous remerciant d’avance de votre réponse, je me tiens à votre disposition.

 

Notre réponse :

Vous êtes nombreux à nous interpeler sur des pratiques d’utilisation d’écrans en crèche ou en maternelle. Vos témoignages évoquent l’utilisation de la tablette en crèche ou de la télévision en maternelle. Vous vous demandez comment en parler avec les responsables et quels arguments mettre en avant pour limiter cette utilisation à des pratiques utiles pour les enfants.

 

La question est de trouver le bon interlocuteur. Le plus souvent, ces moments sont gérés par des animateurs socio-éducatifs employés par la ville. Cette question est longuement évoquée dans le rapport remis par Serge Tisseron au CNC en avril 2019 sur les Enjeux de protection des mineurs dans l’audiovisuel à l’ère d’Internet, avec ses propositions. https://www.cnc.fr/professionnels/etudes-et-rapports/rapport/quelles-protections-pour-les-mineurs-dans-laudiovisuel-a-lere-dinternet_1130002

Selon la ville où vous habitez, il faut donc contacter la mairie. Il ne peut y avoir que des interventions locales.

 

Voici quelques arguments pour vous y aider :

En avril 2019, l’Académie des sciences, l’Académie nationale de médecine et l’Académie des technologies a rendu un rapport pour appeler à une vigilance raisonnée sur les technologies numériques. Elles préconisent de limiter l’accès aux écrans des plus jeunes (surtout moins de 3 ans) mais surtout d’en accompagner toujours une utilisation raisonnable. Sur le même sujet, Jacques Toubon, Défenseur des droits, et son adjointe Geneviève Avenard, Défenseure des droits des enfants recommandaient en 2018 aux pouvoirs publics l’application d’un strict principe de précaution en interdisant l’exposition des enfants de moins de trois ans aux écrans dans les lieux les accueillant et en ne permettant cette exposition, pour les plus de trois ans, que de manière accompagnée et limitée et dans le cadre d’un projet éducatif. Enfin, on peut y ajouter les recommandations de l’Académie Américaine de Pédiatrie : l’utilisation d’écrans doit être découragée avant l’âge de 18 mois, en dehors du vidéo- chatting (type Skype ou FaceTime). Entre 2 et 5 ans, le temps d’écran doit se limiter à moins d’une heure par jour, en privilégiant les programmes éducatifs et toujours en accompagnant les enfants pour les aider à comprendre ce qu’ils regardent.

 

Une exposition à la télévision des petits de maternelle doit donc se faire dans un projet pédagogique construit afin que l’enfant y tire profit. L’écran à cet âge n’a d’intérêt que dans le partage entre tous les élèves d’un objet commun et s’il est accompagné par un adulte qui permet de mettre du sens. Son utilisation doit rester limitée dans le temps et ne doit pas être utilisée à des fins autres qu’un travail pédagogique. Il n’est pas recommandé par exemple de l’utiliser pour calmer les enfants trop excités, cela risquerait d’augmenter leur besoin de se défouler !

Sophie BRUNETEAUX est psychologue clinicienne et EDA (Education Développement Apprentissage)

 

photo de l'auteur

Association 3-6-9-12

Un regroupement de praticiens de terrain, de chercheurs et d’universitaires, qui souhaitent participer à une éducation du public aux écrans et aux outils numériques en nous appuyant sur les balises 3-6-9-12 imaginées par Serge Tisseron.