23 janvier 2025

Mobilisation de la société civile pour une IA responsable au service de tous

Les 10 et 11 février 2025, la France accueillera le Sommet pour l’Action sur l’intelligence artificielle (IA), réunissant au Grand Palais, chefs d’État et de gouvernements, dirigeants d’organisations internationales, de petites et grandes entreprises, représentants du monde universitaire, chercheurs, organisations non-gouvernementales, artistes et autres membres de la société civile. Un grand nombre de pays et de secteurs seront représentés afin de rendre ce sommet aussi inclusif que possible.

Car la révolution de l’IA s’apprête à transformer les emplois, l’éducation, la culture, les économies à travers le monde, avec de nombreuses conséquences, notamment sur les inégalités et les libertés. Pour nous en tenir à un seul problème, les diverses formes d’intelligence générative, et celles qui animeront bientôt nos robots de compagnie, seront connectées (en permanence ou en différé) à leur serveur central et lui communiqueront l’ensemble de nos paroles, nos faits et gestes comme le fait déjà l’enceinte Alexa. Ces informations permettront d’adapter le comportement de la machine à nos attentes et à nos habitudes, mais aussi de vérifier que notre utilisation est conforme aux préconisations du fabricant, et – last but not least – d’exploiter nos données personnelles exactement comme le font aujourd’hui les fournisseurs des réseaux sociaux qui nous envoient des publicités ciblées en fonction de nos choix.

La fondation citoyenne make.org, qui soutient l’association « développer l’empathie par jeu des trois figures » dans sa lutte contre le harcèlement et la violence scolaire, s’intéresse bien sûr aussi à la question de l’IA.

C’est pourquoi elle a organisé, en amont du Sommet pour l’action sur l’IA, une vaste consultation en ligne. Plus de 11 000 participants du monde entier ont formulé 575 propositions et les ont qualifiées par plus de 120 000 votes[1]. Cette consultation a permis d’identifier cinq domaines prioritaires de recommandations. Leur objectif est de garantir l’égalité et maximiser l’impact positif des systèmes d’IA, tout en protégeant les droits des citoyens contre les risques qu’ils impliquent.

Premièrement, la mise en place d’une gouvernance mondiale forte et multipartite portant sur les risques de l’IA.

Deuxièmement, l’élaboration de normes communes pour une IA sûre et responsable, y compris le lancement d’un rapport sur les engagements des sociétés d’IA et des seuils clairs pour la surveillance de l’IA.

Troisièmement, garantir un accès universel à l’éducation et à la formation en matière d’IA, par le biais d’une initiative mondiale d’éducation à l’IA et de réflexion critique et d’un groupe de travail international sur l’IA et la perturbation du marché du travail.

La quatrième priorité porte sur la durabilité environnementale, avec deux résultats clés : la création d’un « GreenAI Leaderboard » pour suivre la durabilité des modèles et l’établissement de normes obligatoires et vérifiables en matière d’efficacité des modèles.

Enfin, la consultation a mis en évidence la nécessité de donner la priorité aux soins de santé, à l’action climatique et à la lutte contre la désinformation, tout en assurant des garanties solides pour les droits et les libertés des citoyens.

Cette consultation n’est qu’un début. Les chemins de la robotique domestique nous concernent tous !

Suivons avec attention les débats et les préconisations du sommet sur l’IA, les 10 et 11 février 2025 à Paris.


[1] Le résumé du rapport final est ici : https://about.make.org/post/consultations-sommet-ia-citoyens-universitaires-societe-civile-saccordent-sur-un-renforcement-de-la-reglementation-et-percoivent-l-ia-comme-defi-opportunite. Le rapport complet est ici : https://assets.make.org/consultations/aiactionsummit_57ef9126-3c81-401d-803f-393f64552513_make_org_ai_action_summit_final_report_202412055.pdf

photo de l'auteur

Serge Tisseron

Psychiatre, membre de l’Académie des Technologies, docteur en psychologie habilité à diriger des recherches en Sciences Humaines Cliniques, chercheur associé à l’Université de Paris.