19 mai 2022

La lumière bleue 

Le développement des supports numériques a modifié profondément nos habitudes quotidiennes. Pas un jour sans que nous soyons face à un écran et par voie de conséquence, pas un jour sans être soumis à la lumière bleue artificielle.

Face à cette exposition grandissante, des filtres et verres anti-lumière bleue sont présentés par les opticiens et autres professionnels du secteur comme LA solution pour protéger nos yeux en limitant les effets nocifs constatés, telle la fatigue visuelle, la sécheresse oculaire, les maux de tête, … mais sans que les arguments avancés soient réellement démontrés.

L’immaturité des yeux des enfants fait qu’ils laissent quant à eux passer bien plus les rayons de la lumière bleue (naturelle ou artificielle) que ceux des adultes dont le cristallin jaunit avec le vieillissement, ce qui empêche ces rayons de passer.

Il est donc bien normal de s’inquiéter des effets nocifs de cette exposition accrue à la lumière bleue sur les yeux des enfants et des risques potentiels sur leur vision. Pour prévenir ces dangers, rien de plus logique que de se tourner vers des verres anti-lumière bleue ou des filtres pour écran. Mais, à ce jour, aucune étude n’a concrètement apporté la preuve que les verres et filtres anti-lumière bleue sont aussi efficaces que l’argumentation commerciale tend à le faire croire. Il semble même que le port de lunettes avec ce type de verre a des conséquences négatives sur le cerveau en le coupant de l’apport indispensable de la lumière bleue naturelle émise par le soleil. En effet, ces verres filtrent en partie les rayons bleus mais sans différencier la source, naturelle ou artificielle, et réduisent de fait le temps d’exposition à la lumière bleue naturelle. Cela revient à priver le cerveau d’une source indispensable à son bon fonctionnement, ce qui n’est pas sans conséquence sur le développement de l’enfant. En effet, le cerveau a besoin de cette source lumineuse pour synthétiser les vitamines, pour sécréter des hormones, pour réguler l’alternance de notre temps d’éveil et de sommeil ainsi que la qualité de celui-ci.

La lumière naturelle interviendrait également dans la maturation de l’œil, freinant le développement précoce de la myopie. Notre physiologie est donc dépendante de l’exposition à l’ensemble du prisme lumineux, à commencer par la lumière bleue.

Aussi, à ce jour, le meilleur moyen de protéger les yeux des enfants des effets nocifs sans les priver des apports de la lumière bleue est le respect de règles simples du bon usage des écrans. Ces quelques règles sont bénéfiques pour tous, quelque soit leur âge, mais plus elles seront apprises et mises en pratique dès le plus jeune âge, plus elles s’inscriront comme des habitudes durables.

A chaque effet indésirable sa solution…

TEMPS PASSE FACE A UN ECRAN

En tant que parent je montre l’exemple en limitant autant que possible mon temps devant les écrans.

  • Le temps d’exposition aux écrans est adapté à l’âge de l’enfant.

FATIGUE VISUELLE

Je fais des pauses visuelles régulières : toutes les 20 minutes je regarde 20 secondes un objet au loin.  

  • Pour un enfant, on cherche le point d’accroche le plus éloigné et on lui demande de le chercher du regard en lui donnant quelques indices. Petit moment ludique partagé qui lui fait travailler sa vision de loin tout en détachant son regard de l’écran.

SECHERESSE OCULAIRE

J’hydrate mes yeux avec des larmes artificielles ou du sérum physiologique.

  • Le jeu des yeux papillons : on joue avec l’enfant à cligner des yeux comme si les paupières étaient des ailes d’un papillon qui s’envole. Cligner des yeux permet de stimuler la sécrétion naturelle du filtre lacrimal (l’hydratation naturelle).

MAUX DE TËTE

J’allume la lumière de la pièce où je suis pour limiter l’écart entre la lumière de mon écran et celle autour de moi.

  • On explique à l’enfant que jouer ou lire sur son écran numérique dans le noir est mauvais pour ses yeux et on lui fixe la règle : dans le noir je dors, je ne suis pas sur un écran !

LA FATIGUE

Je coupe mes écrans numériques 1 heure avant de dormir et j’essaie de me coucher à horaire régulier. On investit dans un réveil… Le téléphone n’est pas un réveil. Attention aux ondes électromagnétiques.

  • Pas d’écran 1 heure avant le coucher qui doit se faire chaque soir à la même heure. Pas d’écran dans la chambre.

VITAMINE D

Je prends soin de ma santé en m’exposant de façon quotidienne à la lumière naturelle indispensable à mon métabolisme.

  • Les sorties régulières dans les parcs pour les plus petits, les sports en extérieur et toutes les activités de plein air pour les plus grands sont à privilégier sans un écran nomade en main. Prendre le soleil, même caché par les nuages, est indispensable. Jouer dehors offre de nombreux bénéfices dont la bonne régulation du cycle circadien, de faire une pause visuelle loin des écrans, de reposer son attention visuelle des sources de la sécheresse oculaire et permet aux enfants de s’ancrer dans le monde réel.

Magalie MAISONNAVE-MARQUES

photo de l'auteur

Association 3-6-9-12

Un regroupement de praticiens de terrain, de chercheurs et d’universitaires, qui souhaitent participer à une éducation du public aux écrans et aux outils numériques en nous appuyant sur les balises 3-6-9-12 imaginées par Serge Tisseron.